Pubs Chanel N°5 : deux iconographies, diamétralement opposées…
On se souvient tous du film mythique réalisé par Baz Lurhmann en 2004…on se souvient un petit peu moins de celui de Jean Pierre Jeunet quelques années après…
Pourtant les deux films mettaient en scène deux actrices, au sommet de leur carrière. D’un côté, l’australienne américaine, Nicole Kidman, sortant d’une séance au Moulin Rouge. De l’autre, la française Audrey Tautou, après avoir accompli son fabuleux destin à Montmartre dans Amélie Poulain. Des voisines qui auraient pu être copines finalement …mais voilà, tout les oppose dans ces deux films de marque et tata Tautou sera relayée au rang de bon toutou dans un film d’un ennui mortel…
Analyse de films ayant été construits en exacte opposition et c’est assez extraordinaire ou flippant d’un point de vu iconographique.
Les protagonistes :
L’une est blonde aux yeux bleus, cheveux frisottants…Il ne lui manque que le pic à glace...
L’autre est brune, les yeux noir profond...il ne lui manque que la corde au cou...
La première semble être une star internationale qui veut juste se barrer de sa vie qui semble loin d’être merdique (même si la pauvre chérie à des obligations) mais la seconde est un quidam qui voyage en mode solo baroudeuse version de luxe…
La comparaison physique ne s’arrêt pas là : chacune se trouve un mec au passage et le jeu des miroirs continue encore :
Qui est-ce ?
L’un est brun style latino, à mi chemin entre intello à lunettes et mec sexy romantique en débardeur, l’autre est un petit minet blond aux yeux bleus, sorti tout droit d’un magazine de mode ou de chez Roche Bobois…
Bref, en termes de casting, le brief devait être assez simple...
Les lieux :
New York, New Yooooork…Bienvenue dans un monde graphique, avec des verticales et une lumière sombre, traduisant une certaine modernité...on devine évidement dans le film de Lurhmann une ville américaine, totalement brandée en mode "C" entrelacés…
Décor totalement différent pour Monsieur Jeunet : codes plus élégants avec toute l’iconographie de la gare et du train qui nous ramène dans la deuxième partie du XIXème : la ville de destination (Istanbul) à l’architecture classique ne fait qu’exacerber cette ambiance…
La chromie :
Dans le film de 2004, on discerne très nettement un filtre bleuté/violet qui rappelle la nuit, la fête, le cabaret : thèmes chers à Baz Lurhmann et qui reviennent dans pas mal de scènes de ses films (Roméo et Juliette, Moulin Rouge, Gatsby)…
Jeunet c’est le jaune…ou le jaune c’est Jeunet. On le retrouve dans le fabuleux destin d’Amélie Poulain, Un long dimanche de fiançailles, Alien La résurrection…et dans le film Chanel, il est omniprésent, comme de l’or (J’adore, Di…) ah non pardon…Bref à chacun ses caprices de Diva mais les deux couleurs sont limites complémentaires !
Les musiques :
On aurait difficilement pu faire mieux que le Clair de Lune de Debussy…une musique classique, intemporelle, instrumentale utilisée de manière assez récurrente dans la mythologie américaine …là encore, on se retrouve avec une identité sonore pour le second film, certes magnifique aussi, mais en totale opposition : une musique de jazz, interprétée par une chanteuse qu’on ne présente plus : Miss Billie Holiday (qui aurait eu besoin justement d’un peu de vacances lors de l’enregistrement de son album, vu l’état de ses cordes vocales…)
Le décor est planté, on imagine bien les équipes de Chanel se pencher sur le brief concernant la trame…et comme il fallait faire gaffe de ne pas froisser papi Karl, ils ont dû se dire que prendre le contrepied montrerait tout le génie créatif de la Maison.
« Florals ? For spring ? Groundbreaking »
C’est quoi le Picth ?
Dans le premier film, il s’agit d’une romance… un peu kitch dans le sens où la nénette qui a tout pour être heureuse se fait un bad trip et tombe dans les bras du premier mec venu, qu’on sait d’avance être son futur ex…bref elle est en dép totale et Monsieur ex mannequin est là pour lui donner un peu de bon temps… La scène est statique, se basant sur un roof top…et elle est surtout narrée par Monsieur…qui va finir un peu fané d’avoir laissé partir le gros lot.
On note un texte extrêmement bien écrit qui suggère de manière subtile le parfum comme moyen de reconnaissance, de souvenir et d’incarnation de la féminité « Is she forgotten ? I hope, I will not : her smile, her kiss, her perfume… »
Pour le second film, on sent les stagiaires, les équipes Chanel un peu plus fatiguées et en manque d’inspiration.
« Et si elle voyageait cette fois-ci ?
- Où ça ?
- Je sais pas : un truc bobo un peu à la mode…
- Lisbonne ?
- C’est le nouveau Barcelone en moins beauf …
- Marseille ?
- Tu veux qu’elle se fasse agressée dès son arrivée en gare ? T’es sérieux là ?
- Istanbul ?
- Ah ouais c’est bien ça : ouverture sur le monde, on est open chez Chanel, faudrait qu’on en parle à l’autre des RH… je sais même pas si elle à un nom d’ailleurs…bref, pour le film, on la met dans un train ?
Donc on se retrouve avec une Audrey Tautou en mouvement, dans un train de nuit où clairement elle à l’air de se faire chier à mourir…Le parfum est en méga gros plan, perdant tout la subtilité du premier film…
Enfin, elle passe du train au bateau, en mode encore itinérant (manquait plus que l’avion et on aurait été bon en termes de bilan Carbonne). Que dire de ce plan séquence grotesque de l’appareil photo où limite il manque le logo Canon …
Là où dans le film de Lurhmann, le couple se trouve, dans celui de Jeunet, il se cherche et se loupe : d’une grande originalité.
On notera que dans le premier film, une voix off accompagne la trame. Ici, il n’a aucune dialogue excepté le « passeport svp » d’une indispensable utilité au cas où Audrey Tautou serait une migrante en situation irrégulière…
Il a une bonne tête de vainqueur
La fin
Chez Lurhmann, il y a rarement des happy ends.
Ce film ne fait pas exception et le dernier plan marque un regard lancé à travers le temps et l’espace. Cela clôture la relation entre les deux protagonistes. Madame Chanel se retrouve seule et indépendante, à l’image de la fondatrice Coco…
Chez Jeunet, le couple se trouve enfin après nous avoir clairement saoulés pendant 2 heures (enfin 2 minutes en fait) dans leur jeu de cache-cache…notons qu’elle a l’air super heureuse sur le dernier plan…
Prenez un chewing gum Emile
Comme dirait ma collègue de bureau :
Non mais tout ça pour ça quoi ?!
Et vous, quelle est votre version préférée ?
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